Clostermann : le ciel en héritage

Le 6 octobre 1973, un article dans Paris Match titrait :


CLOSTERMANN II, chevalier du ciel


On pouvait découvrir, sous ce titre élogieux, l’histoire de Jacques Clostermann.

Pierre Clostermann eut trois fils, Jacques, Michel et Jean-Pierre qui grandirent bercés par les récits des héros du Grand Cirque et de Feux du Ciel

L’ainé, Jacques, s’est senti attiré dès son plus jeune âge par la grande épopée aéronautique dont il s’éprit de l’histoire des pionniers. Quand son jeune frère passait ses nuits en compagnie des indiens d’Amérique dont la bibliothèque de son père était abondamment fournie, Jacques voyageait avec les grands navigateurs et les conquérants de l’antiquité. Il développa ainsi une passion, qu’il a toujours conservé, pour la navigation astronomique. Il s’enticha des évolutions techniques de l’aviation de chasse moderne et commença bien vite à s’imaginer, non plus en simple lecteur, mais en acteur de cette grande aventure.

La suite, on la trouve dans la Citadelle de Saint-Exupéry : ‘Si tu veux construire un bateau, ne commence pas par rassembler du bois et donner des instructions, mais réveilles dans le cœur des hommes le désir de la mer’. Chez Jacques Clostermann, premier fils du premier chasseur de France, est ainsi né le désir du ciel.

A sa majorité, quand vint le temps de servir la Nation, c’est sans aucune hésitation qu’il opte pour l’Armée de l’Air. 

Du Fouga Magister au Mystère IV

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B.E. 745 (Aulnat)

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B.A. 705 (Tours)

Après une formation initiale à l’EFIPN d’Aulnat (Ecole de Formation Initiale du Personnel Navigant) sur Fouga Magister, il est affecté à la Base Aérienne 705 de Tours où il poursuit son apprentissage sur T-33 et Mystère IV.

Aerospatiale-Potez – CM 170 Fouga Magister
Lockheed T-33
Dassault – Mystère IV

Macaronnage

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B.A. 705 (Tours)

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B.A. 120 (Cazaux)

Jacques Clostermann est breveté pilote de chasse sur la Base 705 de Tours où il reçoit son macaron des mains de son père, invité par le commandant de la base pour cette occasion toute particulière. Au moment de lui agrafer l’insigne tant désiré, il lui rappelle sa signification :

L’étoile te guide, les ailes te portent, la couronne t’attend

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Le ‘Macaron’

Il est alors envoyé 3 mois sur la Base Aérienne 120 de Cazaux pour un stage de tir sur Mystère IV.

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Pierre Clostermann remet l’insigne de pilote à son fils sur la B.A. 705

Lâché sur Mirage

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B.A. 102 (Dijon)

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E.C.T. 2/2 Côte d’Or

Il rejoint ensuite la Base Aérienne 102 de Dijon-Longvic pour être affecté à l’Escadron de Chasse de Transformation  E.C.T. 2/2 Côte d’Or. C’est le jour tant attendu, celui du premier vol sur Mirage IIIB.

Dassault – Mirage IIIB

Le Mirage IIIB est un avion biplace, réservé à l’enseignement. Jacques Clostermann effectuera son premier vol en solo – dans le jargon aéronautique on dit qu’il est ‘lâché’, sur le Mirage IIIC n°7 à l’identifiant 2-FD (pour 2ème escadre, avion Fox-Delta)


Mirage IIIC n°7 (Fox-Delta)

Le hasard a voulu qu’en 1984 le Mirage n°7 (Fox-Delta) soit retenu pour les collections du Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget. Après une restauration de fond en 2011 il sera transféré deux ans plus tard au conservatoire Canopée sur la Base Aérienne 279 (Châteaudun) où il est exposé aujourd’hui.

30 ans après

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B.A. 102 (Dijon)

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E.C. 3/2 Alsace

En 1973, trente ans jour pour jour après son père, Jacques Clostermann intègre le même escadron de chasse, le 3/2 ‘Alsace’. Sur la base aérienne de Dijon, le bruit des réacteurs supersoniques a depuis longtemps remplacé celui des moteurs à hélice et c’est avec le Mirage IIIE qu’il effectue de nombreuses mission à haute altitude avant de se retirer pour entrer dans le civil.

Dassault – Mirage IIIE

Au retour d’une mission, Jacques allume sa première cigarette avec le même geste que son père 30 ans plus tôt.

Il poursuivra cette carrière en qualité de commandant de bord chez Air Inter puis Air France sur longs courriers, totalisant près de 22 000 heures de vol.

Jacques Clostermann publia de nombreux articles dans les revues spécialisées et tiendra notamment la rubrique des évaluations en vol dans Pilote Privé, Aviation 2000, Interavia et la Revue Internationale de Défense (RID).

Ses articles porterons sur le Boeing 737-300, le Fokker 100, le Saab-Fairchild 340, le Dash 8, l’ATR 42, le CASA CN-235, le Hawk 100 et le Falcon 900. Il établira une comparaison entre le Mirage 2000 et le F-16, fera l’évaluation en vol du Mirage 2000 et du celle du système de navigation et d’attaque de l’Alpha Jet 2.

Dans la revue Aviation2000 il publiera son évaluation du Boeing 757 à sa sortie commerciale mais aussi, parmi de nombreuses autres celle, plus anecdotique, du Cri Cri de Colomban propulsé par deux moteurs de tondeuse à gazon. Jacques Clostermann y passa en revue un grand nombre d’avions légers mono et bimoteur. On notera un article sur le Saab Viggen décrivant son vol en compagnie du pilote d’essai américain Chuck Yaeger.

En 1978, Jacques Clostermann a collaboré à la traduction du livre de Jacksel M. Broughton « Les Crêtes de la Mort » relatant l’histoire d’un pilote de F105 durant la guerre du Vietnam, ouvrage qui recevra une préface de son père.

En 1988 il partira en Argentine avec son ami Gilles Rivet pour piloter les IA58 Pucarra et IA63 Pampa. Fils de Pierre, lequel a défendu l’honneur des pilotes argentins pendant la guerre des Malouines, il seront chaleureusement accueillis par leurs frères pilotes du pays le plus français d’Amérique du sud.

La 3ème génération

En 2019 c’est son deuxième fils, Pierre-Luc Clostermann qui, après des études de commerce, reprend le flambeau et passe ses licences de pilote professionnel.


Pierre-Luc Clostermann devant le Cessna C-177 Cardinal appartenant à son père, un appareil sorti des usines de Reims Aviation.


Nous remercions © Gaëtan Marie, © Olivier Beernaert et © Michel Debarre pour les profils des aéronefs.